Le Poète de la Grande Vérité

Plus d’une fois, je me suis endormi

Espérant que ce sommeil serait le dernier

Que rien ne viendrait après cette nuit

Que mes paupières allaient à jamais se fermer

Plus d’une fois je me suis couché, la tête sur cet oreiller

Feuilletant le livre de toutes mes vies volées et perdues

Imaginant ne plus jamais pouvoir un jour me réveiller

Cherchant à sortir par cette porte dérobée et défendue

Plusieurs fois, je me suis tenu tout au bord de la falaise

Attendant que quelque mauvais esprit me poussât,

Ou que mon corps, sous le fallacieux prétexte d’un malaise

Libéra mon âme dans un mouvement de haut vers le bas

Plus d’une fois j’ai tenté une fin à mon histoire

Prendre un billet pour le pays de nulle part

Mais en vain je me suis agité contre un destin illusoire

Qui m’agace et se cache derrière les remparts

Et pourtant, j’ai offert ma vie contre la mort

En faisant le mort …toute ma vie

Et pourtant, je donnerai mon âme sinon mon corps

Pour qui m’étendra sur le parvis

Pendant si longtemps j’aimais penser

Que mon étoile était, elle aussi, quelque part,

Qu’il suffisait de lever les yeux pour la caresser

Et qu’elle s’allumerait un jour, tôt ou tard

Je ne cherche ni diable ni démon

Je ne  m’appelle ni dragon ni ange

Je marche, loin de l’ivresse des sermons

Je cours, vers la lueur de cet au-delà étrange

Hemsy, 1999