ROI EN EXIL
L’histoire de ce pauvre roi renversé, chassé et exilé
Qui s’est établi sur une terre étrangère qui l’a accueilli
Fier du sang qui coule dans ses veines d’immortel
Fluide précieux où la divinité transparaitrait
Sang qu’il a refusé de risquer pour sauver son peuple
Et lui éviter d’être ainsi défiguré, mutilé
Son trône ici est un dur tabouret, assez mal vernis
Taillé dans un bois pauvre qui plairait à un simple mortel,
Et sa loge ressemble à une case, vulgaire et sans attrait
Sur la terre des siens, les canons chantent encore
Au pays, la mort est déchaînée, la grande carnivore
Au pays qu’il a fui, son peuple se dévore
Une terre dégueulassée, blessée par des tirs de mortiers
Une capitale vidée de ses âmes dans tous ses quartiers
Un pouvoir frivole et sale, qui s’offre aux plus meurtriers
L’histoire de ce pauvre roi que les ancêtres ont oublié
Echoué sur les rives du grand océan où il fut recueilli
Loin du pays, il a gardé ses habits de majesté fidèle
Qui, là-bas, malgré leur fil parfait
Et leurs parures de perles qui survécurent au périple
Ne sont que de vulgaires reliques mal appréciées
D’étranges costumes, apparats pour noirs vieillis
Dans son camouflage de sauvage, il parade avec zèle
Debout, devant la glace, il admire son triste autoportrait
Là-bas au pays, danse le peuple la macabre danse
De l’homme qui court, le corps en transe
Qui détale pour échapper aux balles dans tous les sens
Et qui, tout plein d’adrénaline, la main sur la poitrine
Transpercée par la mortelle dose de chevrotine
Vivote, trébuche, s’écroule et étale son hémoglobine
L’histoire de ce pauvre roi semblable à ces antiquités
Ces vestiges du passé, ces rêves trop tôt cueillis
Il médite sur sa chute injuste et accidentelle
Et les traitres que le destin punira pour leur forfait
Que Dieu le leur rende au centuple !
Il vit des autres et de leur amabilité
Fatigué, épuisé, la flamme de sa foi a quelque peu faibli
Lui manquent le pays et les charmes de ses belles demoiselles
Les longs buffets garnis et les fêtes interminables au palais
Et le peuple pansa ses blessures et n’y repensa plus
Un roi s’en est allé, un nouveau roi est venu !
Et ses partisans dansant, parce-que mangeant, toute honte bue
Qui prendra le temps d’écrire et de raconter cette histoire ?
L’histoire de ce pauvre roi dont l’histoire encore une fois
Ressemble naturellement, à celle de tous les rois
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