LES BEAUX DE VILLE
Drapés dans leurs costumes taillés à la dernière mode
Les beaux sont dans un univers où fourmillent les codes
Menton droit, buste relevé et mine fermée pour les hommes
Cul cambré, bien serré et seins charnus bien évidents pour les femmes
Leur démarche en ajoute à leur caractère débile
Ils lancent haut leurs jambes raidies comme soldat qui défile
Balancent le bassin qui bascule comme navire qui prend l’eau
Les beaux vont toujours droit devant, et foncent comme taureau
Sourires de façade, rires de circonstance, larmes calculées
Gestuelle maintes fois répétée et froidement exécutée
Ils vous saluent avec déférence et vous font allégeance
Si vous êtes beau, et habillé bien sûr à leur élégance
Parlent ce langage fait de jolis mots et de contresens pompeux
Leurs phrases vaporeuses, faites de mots vaseux et creux,
Les beaux travaillent très dur pour acquérir marchandises
Aussi futiles et superflues qui soient, quoiqu’ils en disent
S’asseyent dans leurs voitures tirées par des chevaux puissants
D’où ils narguent les petites montures et aussi les passants
Vivent une vie d’apparences et de plaisirs mondains
Avancent à force de croche-pieds et de poignards plantés malsains
Tels vont les beaux, tels des vaux dans la ville
Portant clochette qui sonne et qui brille comme pacotille
Broutant toute herbe en tout champ, leur bouche impatiente
Ruminant verte humeur et déféquant bouse fumante
Curieux troupeau où se mêlent vaches, cabris et moutons
Et n’allez pas croire que je sois jaloux. Pardonnez mon ton,
Mais il fallait que vous fussiez avertis
Afin que vous n’en fassiez pas partie
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